Salomé à Zurich

Opéra de Zurich, le 28 septembre 2017

La soirée d’opéra du voyage en Suisse nous a permis d’assister à la représentation d’une frémissante Salomé de Richard Strauss, à l’opéra de Zurich.

Le décor d’un salon circulaire, ouvert sur le fond, entouré de banquettes en skaï rouge, avec, au sol, des ouvertures métalliques, d’où mon­te­ront les cages enfermant le prophète, est assez laid. Il n’y a pas grand-chose à dire sur la mise en scène, classique, ne gênant en rien le dérou­le­ment du drame. Le metteur en scène, Sven-Eric Bechtolf, a plutôt fait confiance à ses chan­teurs expérimentés. Catherine Naglestad avait déjà été une extraordinaire Salomé à l’Opéra Bastille, en 2006. Même si elle n’a plus tout à fait l’âge de cette adolescente, sa voix a acquis de l’ampleur avec les années, et elle est tou­jours une fabuleuse chanteuse au médium opu­lent et rond, et aux aigus tranchants. Dans la « danse des sept voiles », elle était doublée par une danseuse orientale, Silvia Schori, mais ce moment de pure sensualité musicale se transfor­mait vite en numéro de cabaret assez vulgaire.

Thomas Johannes Mayer (Jochanaan),
Catherine Naglestad (Salomé),
Ulf Schirmer (direction), Gerhard Siegel (Hérode), Doris Soffel (Hérodias)

La charismatique mezzo Doris Soffel, qui est habituée du rôle, est une vénéneuse Herodias, aussi folle que sa fille, et ses éclats vocaux n’ont rien perdu de leur intensité. Jochanaan était une prise de rôle pour l’excellent baryton Thomas Johannes Mayer, un peu en retrait de ses deux consœurs chanteuses. Le ténor allemand Gerhard Siegel, accoutumé des rôles wagnériens, est un impressionnant Herodes. Narraboth est un jeune ténor américain au timbre clair, Evan LeRoy Johnson, très prometteur, de même que la mezzo allemande Deniz Uzun, à la voix chaude, qui interprète le page d’Herodias.

L’orchestre de la Philharmonie de Zurich, dirigé par Ulf Schirmer, a su restituer toutes les nuances voluptueuses de la musique de Richard Strauss.

Chantal Barove