Consciente, très tôt, du génie de Wagner, et convaincue qu’une « minute rare, unique » passée près du maître doive « s’enchâsser dans [sa] mémoire », elle fut d’un dévouement absolu à la famille Wagner, menant les campagnes de presse, organisant des concerts, transcrivant en français les livrets sous la dictée de Cosima et fournissant Wahnfried en « articles de Paris » pour « les bonnes matinées de Parsifal », comme le lui écrit le maître.
Pourtant, celle qui se qualifie elle-même de « meilleure disciple » est, en réalité, une wagnérienne paradoxale. À l’entier service de Wagner, elle n’a jamais pensé son héritage, ni cherché, comme pratiquement tous les wagnéristes français, écrivains ou musiciens, à créer d’après Wagner ou après lui, ce à quoi s’emploie, par exemple, la Revue wagnérienne. Dès lors, quelles sont les spécificités de son travail auprès du maître ? Pourquoi sa passion pour l’œuvre du compositeur n’a-t-elle débouché, à rebours d’un Catulle Mendès, qui fut son mari, sur aucune collaboration notable avec les grands wagnériens de son temps ? Quel rôle a-t-elle réellement joué dans le wagnérisme français ?
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Maître de conférences à la Sorbonne Nouvelle – Paris 3, habilitée à diriger des recherches, Cécile Leblanc est spécialiste des rapports de la musique et de la littérature à la fin du XIXe siècle : Wagnérisme et création, (éd. Champion, 2005), participation à l’Encyclopédie Wagner (éd. Actes Sud, 2010), 1913-2013 : le wagnérisme dans tous ses états (éd. Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2016). Elle se consacre, depuis quelques années, aux savoirs musicaux de Proust, à l’importance majeure de la critique musicale dans son œuvre et, plus généralement, à la mise en mots de la musique dans La Recherche. Son Proust écrivain de la musique, l’allégresse du compositeur a paru en mai 2017, aux éditions Brepols.