« Je crois à Dieu, à Mozart et à Beethoven ainsi qu’à leurs disciples et à leurs apôtres ». À la Trinité de sa nouvelle Un musicien étranger à Paris, Wagner aurait pu ajouter Carl Maria von Weber ! Car ce sont bien Weber et Beethoven qui lui ont révélé sa vocation musicale. Mais si le maître de Bonn fut, sans nul doute, vénéré comme la plus imposante figure musicale de Wagner, Weber, repéré, bien sûr, comme le vrai pionnier du romantisme musical allemand, représenta, avant tout, l’impression la plus marquante de sa jeunesse. Toute sa vie durant, Wagner voua un culte et une admiration inconditionnelle pour l’auteur d’Euryanthe, au point de confier, sans ambages, à Cosima, le jour de Noël 1880 : « Oh ! Weber, je l’aime autant que toi ».
La conférence suit le long chemin de la vie de Wagner dans les pas son autre « père spirituel », de ses souvenirs d’enfance, rappelés, avec nostalgie, et souvent émotion, par le Journal de Cosima, à l’organisation du rapatriement à Dresde de ses restes mortels reposant en Angleterre, sans oublier sa fidélité à son œuvre, avec une étonnante constance au fil des ans, en particulier pour Le Freischütz, qui, des trois opéras de Weber, reste, pour lui, l’un des principaux objets d’admiration. Toutefois, même si, dans ses textes théoriques, Wagner se montre critique envers l’artiste, incapable de créer une œuvre d’art unitaire, c’est finalement, pour le musicien-poète Wagner, l’occasion de se présenter aux yeux du monde dans le prolongement du maître chéri de son enfance, investi d’une mission, celle de prolonger et de parachever l’œuvre d’un compositeur, le premier qui eut le pressentiment de l’œuvre d’art totale, et qui lui avait ouvert la voie, mais n’avait pu ou su aller jusqu’au bout de sa démarche.
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Né en 1968, Pascal Bouteldja est médecin généraliste à Lyon. Sa passion wagnérienne fait de lui un amateur éclairé. Il est président du Cercle Richard Wagner – Lyon depuis 2014, et a publié une Bibliographie wagnérienne (L’Harmattan, 2008), Un patient nommé Wagner (Symétrie, 2014) et Wagner et Shakespeare (numéro spécial de la Revue du Cercle belge francophone, décembre 2016).