1847 : « l’année grecque » de Richard Wagner est marquée par son arrangement d’Iphigénie à Aulis de Gluck. Wagner, rejetant l’Antiquité de Mendelssohn et le « pieux mensonge » d’Antigone, se tourne vers l’horizon théâtral qui fut celui de Goethe et de Racine : la tragédie grecque. Mais qu’est-ce qu’une tragédie grecque à l’époque de l’archéologie triomphante ? Wagner résout ce problème capital de la modernité par l’invention du drame musical, dont le jeune Friedrich Nietzsche proclamera la filiation hellénique, dans La Naissance de la tragédie, en saluant Tristan et Isolde.
>> Synthèse de la conférence par Anne Hugot Le Goff
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Chargé de recherche au CNRS, agrégé de lettres classiques, Christophe Corbier travaille au Centre de Recherches sur les Arts et le Langage (CRAL-EHESS), et s’intéresse à la compréhension et à la réception de la musique grecque antique en Europe aux XIXe et XXe siècles. Il a publié la première biographie du compositeur et helléniste Maurice Emmanuel (Bleu nuit, 2007) et un livre sur la question de l’héritage grec, dans la création musicale, au théâtre et dans l’histoire de la musique sous la Troisième République (Poésie, Musique et Danse. Maurice Emmanuel et l’hellénisme, éd. Classiques Garnier, 2010).