Colette, dont l’éducation musicale est déjà très solide, découvre le wagnérisme dans l’entourage d’Henry Gauthier-Villars après leur mariage. Il l’entraîne à Bayreuth dès 1896, et l’agrège à son « atelier » où les plus grands musiciens de l’époque, de Debussy à d’Indy, Pierné ou Fauré, rédigent les chroniques qu’il signe. Critique musicale par procuration, puis, en 1903, sous le nom de Claudine, au Gil Blas, elle fréquente beaucoup les concerts, et fait ses apprentissages en « écrivant » Wagner, dont l’œuvre complète est enfin jouée à Paris entre 1893 et 1914. Bayreuth, son public, son « gazomètre » (le Festspielhaus), ses Filles du Rhin coiffées comme sa « cuisinière luxembourgeoise à son jour de sortie » fourniront également la matière de plusieurs romans, dont Claudine s’en va. Wagner fut bien à l’origine de la vocation d’une écrivaine qui déclarait n’en avoir pas eu d’autre que « celle de la musique ».
* * *
Cécile Leblanc enseigne à la Sorbonne-Nouvelle. Spécialiste des relations entre la littérature et la musique, elle a publié Wagnérisme et Création en France (1883-1889) (Honoré Champion, 2005), Le wagnérisme dans tous ses états : 1913-2013 (Presses Sorbonne Nouvelle, 2016) et, tout récemment, Le bicentenaire, un nouveau regard sur Wagner ? dans Le Ring, nouveaux regards, numéro 315 de l’Avant-Scène Opéra, paru en mars 2020. Spécialiste de l’univers musical de Marcel Proust, elle a publié de nombreux articles sur le sujet, et surtout Proust écrivain de la musique – L’allégresse du compositeur (Brepols, 2017) et Musiques de Proust (Hermann, 2020, avec Nathalie Mauriac).