La rupture entre le musicien et le philosophe est un des lieux communs de la critique wagnérienne et surtout antiwagnérienne. Si le jeune Nietzsche s’était enthousiasmé pour la musique du compositeur, le Nietzsche de la maturité en aurait, semble-t-il, perçu les défauts, faisant de Wagner le parangon d’une germanité pesante. L’étude attentive des publications, de la correspondance et des Fragments posthumes raconte pourtant une tout autre histoire. Ce qui émerge de cet examen est bien plutôt une réévaluation du rôle de la pensée artistique de Wagner dans l’élaboration du système philosophique de Nietzsche. Les raisons, complexes et nombreuses, de la rupture entre ces deux titans de la culture européenne apparaissent alors sous un jour nouveau.
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Jérôme Delaplanche est docteur HDR en histoire de l’art de l’université de la Sorbonne. Ancien pensionnaire de la Villa Médicis, il a enseigné à l’université et a publié plusieurs ouvrages sur les arts. Il prépare actuellement une étude monumentale de L’Anneau du Nibelung.