Richard Wagner fit preuve d’une relation particulièrement ambivalente à l’un des faits culturels les plus marquants de son temps : la révolution industrielle. Globalement rétifs à l’égard du progrès technique, ses écrits témoignent d’une critique acerbe de la société moderne, aliénée par le capitalisme et le règne de l’argent-roi ; ils construisent une dichotomie radicale entre art et industrie, et qualifient de « machines », en mauvaise part, la musique de Meyerbeer comme celle de Berlioz. Pourtant, depuis le métronome, qu’il utilisa à l’occasion, jusqu’à la machine à vapeur de Bayreuth, Wagner fut aussi pleinement un homme de son temps. On mène donc l’enquête à travers ses écrits et ses œuvres, des Mines de Falun à la tétralogie, pour éclairer la relation de Wagner aux machines de son époque.
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Professeur de musicologie à l’École normale supérieure de Lyon, Emmanuel Reibel enseigne également l’esthétique au conservatoire de Paris. Auteur de nombreux ouvrages reconnus, lauréat de l’Académie française pour son essai Comment la musique est devenue « romantique », De Rousseau à Berlioz (éd. Fayard, 2013), il a récemment publié un livre d’entretiens avec le violoncelliste Jean-Guihen Queyras (Bach : les Suites en partage, éd. Premières loges, 2022). Le sujet de sa conférence est inspiré de son dernier essai : Du métronome au gramophone, Musique et révolution industrielle (éd. Fayard, 2023). Il dirige également Dictéco (DICTionnaire des Écrits de COmpositeurs et compositrices), accessible en ligne (dicteco.huma-num.fr), qui rassemble actuellement près de 80 contributeurs.