Les relations entre Wagner et le sultan Abdülaziz, par Nicolas Dufetel

Publié le - 15h15Hôtel Bedford

Wagner ne s’est jamais rendu à Constantinople, mais il a rêvé de ce voyage, une nuit de 1870, comme cela est relaté dans le journal de Cosima. Wagner était surtout intéressé par Constantinople du fait de la tradition gréco-romaine de la ville et pour les croisades. Il avait maintes fois professé le souhait de reprendre la ville et l’Anatolie des mains des Ottomans. Il était aussi en lien avec les intellectuels antisémites ottomans, notamment le général Osman Nuri Pacha, admirateur de Le Judaïsme dans la musique, et qui envoya à Wagner ses propres pamphlets anti-juifs. Concernant le sultan Abdülaziz, tout comme sa cour, il était très intéressé par la musique de l’avenir, et Henri Ketten, un protégé de Liszt, dominait la vie musicale de la capitale ottomane, avec, comme point d’orgue, la composition d’un poème symphonique sur le thème de Lohengrin. Le sultan a aussi financé le projet de Bayreuth, et devait vraisemblablement assister à la première de 1876. Mais, un coup d’État, quelques mois auparavant, qui le destitua et le tua, mis fin à cette entreprise.

*     *     *

Nicolas Dufetel

Après des études d’histoire et de musicolo­gie, Nicolas Dufetel a consacré sa thèse de doctorat à la musique reli­gieuse de Franz Liszt. Il a été professeur de Culture musicale au conservatoire d’Angers et chercheur à la Hochschule für Musik FRANZ LISZT de Weimar (Humboldt-Stiftung). Il est, depuis 2015, chargé de recherche au CNRS (IReMus : Institut de recherche en Musicologie). Il enseigne à l’Université catholique de l’Ouest et travaille sur les échanges culturels au cours du XIXe siècle. Ainsi, son étude en cours est relative à la place de la musique classique dans l‘empire ottoman. Il est l’auteur de plusieurs articles sur Liszt, Chopin et Wagner, dont l’édition critique des textes de Liszt sur Wagner (Trois opéras de Richard Wagner, Actes Sud, 2013), et dernièrement de Franz Liszt – Tout le ciel en musique – Pensées intempestives (éd. Le Passeur Éditeur, 2016).