En situant son Tannhäuser à la Wartbourg, Wagner ne cherchait pas uniquement un décor médiéval pittoresque : il mettait en scène un véritable lieu de mémoire du monde germanique. Autrefois résidence de sainte Élisabeth de Hongrie, cadre d’une légendaire « guerre de chanteurs », puis refuge où Martin Luther traduisit en allemand le Nouveau Testament, la forteresse n’a cessé de nourrir l’imaginaire romantique. Mais ce n’est pas tout : elle est devenue, au XIXe siècle, un haut lieu de la contestation étudiante, faisant écho aux aspirations révolutionnaires du compositeur. La conférence de Jean-François Candoni propose d’interpréter le cinquième opéra de Wagner à la lumière de ces arrière-plans historiques, légendaires, poétiques et idéologiques.
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Ancien élève de l’ENS Saint-Cloud, Jean-François Candoni est professeur des universités à Rennes 2, où il enseigne la civilisation et l’histoire culturelle du monde germanique. Il a publié notamment La Genèse du drame musical wagnérien (éd. Peter Lang, 1998), Penser la musique au siècle du romantisme (éd. PUPS, 2012), Les grands centres musicaux du monde germanique (éd. PUPS, 2014) et une nouvelle édition de Ma Vie de Richard Wagner (éd. Gallimard, 2013). Il a participé au Dictionnaire encyclopédique Wagner (éd. Actes Sud, 2010), et collabore régulièrement à la revue L’Avant-Scène Opéra.