Pendant tout le XIXe siècle, la critique musicale et le public italiens pensaient, à tort, que la musique instrumentale allemande était trop cérébrale et nuisait à l’expressivité lyrique. Le rapport entre l’opéra italien et le drame wagnérien fut ainsi longtemps un rapport de méfiance. La première représentation d’un opéra de Wagner en Italie n’eut lieu qu’en 1871, avec la mise en scène du Lohengrin au Théâtre communal de Bologne, ville qui deviendra, très rapidement, l’un des avant-postes du wagnérisme et de la musique symphonique dans la Péninsule. Giuseppe Verdi fit le déplacement, et assista secrètement à la représentation, en annotant la partition. À partir de ce moment, pour tout compositeur, une confrontation avec le wagnérisme était inévitable.
Giacomo Puccini restera pendant toute sa vie un admirateur de Wagner. Dans ses deux premiers opéras, Le Villi (1884) et Edgar (1889), il utilisera la technique des leitmotive, même si de manière encore immature. En 1889, il sera à Bayreuth, sur demande de Ricordi afin de proposer des « coupures » pour la première italienne des Maîtres chanteurs. L’étude en profondeur de cette partition a eu un impact décisif sur la composition de Manon Lescaut (1893), opéra qui représente un tournant dans sa carrière. À partir de La Bohème (1896), il arrive à affirmer son propre langage et sa vision du théâtre visant à réconcilier le belcanto italien avec les enseignements de Wagner. Puccini fera d’ailleurs référence à ce dernier, à la fin de sa vie : dans une des esquisses du final de l’inachevé Turandot, il y écrit : « Poi Tristano ! », nous laissant ainsi dans le mystère.
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Petit neveu d’Ottorino Respighi, Norberto Cordisco Respighi est musicologue et pianiste. Il défend, depuis des années, le répertoire symphonique italien, notamment celui de son grand-oncle, à travers des concerts et des conférences. Sa discographie comprend les transcriptions pour piano à quatre mains de Fontane di Roma, Pini di Roma et Antiche arie e danze per liuto de Respighi (2017) et un CD consacré à la musique pour piano de Malipiero et Respighi (2022). Pour bleu nuit éditeur, il signe la première biographie en langue française de Respighi (2018) et une biographie de Giacomo Puccini (2022). Pour Neoclassica, il dirige l’édition moderne de l’Orpheus de Respighi et Sebastiano Luciani (2020). Il a collaboré avec la Philharmonie de Paris, la Maison symphonique de Montréal, l’Accademia Nazionale di Santa Cecilia de Rome et l’Abu Dhabi Festival. Il est régulièrement invité à des transmissions radiophoniques.