La création de Parsifal, en 1882, a donné naissance à un modèle de représentation de l’œuvre qui s’est imposé à Bayreuth, dans la lettre ou dans l’esprit, jusqu’à 1982, et qui a également influencé les productions données dans d’autres théâtres. L’une des raisons principales est que Wagner s’est totalement impliqué dans tous les aspects, notamment scéniques, de ce spectacle. En outre, plusieurs témoins des répétitions et des représentations ont scrupuleusement consigné, par écrit, une multitude de commentaires, qui constituent une véritable mémoire du spectacle et du processus qui a conduit à sa réalisation scénique.
Une première question est ainsi soulevée, qui est celle de la liberté d’un metteur en scène par rapport à une œuvre, en particulier lorsque les conditions de sa création ont fait l’objet d’une formalisation aussi détaillée. Une autre question est celle des raisons pour lesquelles la famille Wagner s’est opposée à la représentation de Parsifal hors du Festspielhaus. Les enjeux sont à la fois artistiques, juridiques et économiques, et il est permis de s’interroger si cette interdiction a réellement servi les intentions du compositeur et les intérêts de sa famille.
>> Synthèse de la conférence par Anne Hugot Le Goff
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Gilles Demonet, juriste et musicologue, est maître de conférences et responsable du Master administration et gestion de la musique à l’Université Paris-Sorbonne et à Paris Sorbonne Abu Dhabi. Il a été administrateur de l’Opéra-Comique et directeur du bureau français de l’agence de concerts IMG Artists. Ses recherches portent principalement sur les institutions musicales et leur histoire. Il est également directeur adjoint de l’Institut de recherche en musicologie (IReMus).