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14 septembre 2017 à 16 h 15 min #1730
Préambule
Membre du C.N.R.W. de Paris depuis 9 ans, chaque année, assidûment et consciencieusement, je faisais ma demande auprès de la «Bayreuther Festspiele» afin d’espérer vivre un jour en direct le festival consacré à Richard Wagner, dans le saint des saints, lieu emblématique dédié, « Le Festspielhaus », édifié par le Maître, lui-même, pour n’être consacré qu’à son Art total.
Patiemment et pleine d’espoir, chaque année j’attendais, la réponse. Un jour d’Octobre 2016, un nouveau courrier du « Bayreuther Festspiele » me parvint.
Cette fois, ce fut comme un éclair éblouissant dans les ciels obscurs des drames wagnériens ; je venais de recevoir, à l’issue de presque dix années d’attente (ce qui, aux dires de certains, reste une attente raisonnable), mon « saufconduit » pour la saison 2017.
Sans hésiter, deux places furent retenues dont une pour mon compagnon, Bernard Alain, qui depuis l’année 2016, nous a rejoint au cercle, dans l’attente d’assister à la tétralogie de Richard Wagner du 8 au13 Août.
Le Lundi 7 Août, de bon matin, tout en joie, nous prîmes la route pour Bayreuth comme un départ en pèlerinage vers un lointain lieu sacré.Das Rheingold – [mardi 8 Août]
Nous découvrons ce lieu mythique, le «Palais des festivals de Bayreuth», d’allure et d’expression «néo-classique», aux matériaux composites (granit et briques), aux proportions toutefois retenues et par certains éléments, pourrait faire penser à une manufacture du début du siècle.
Nous prenons place dans ce décor, «belle époque», néanmoins sobre, aux colonnes corinthiennes rehaussées de feuilles d’acanthe et corniches à consoles dorées.
Premières mesures, sous la direction de Marek Janowski, nous révèlent l’acoustique limpide et incomparable qui caractérise ce lieu de « magique ».
Les voix de Wotan (Iain Paterson) et Fasolt (Günther Groissböck) sont puissantes et pénétrantes et les filles du Rhein composent un ensemble polyphonique qui nous envoûte.
Un mot sur la mise en scène (Frank Castorf)
Contexte des années 70, dans un motel « américain » quelque part sur la route 66…
Un ingénieux plateau tournant permet une vision « triptyque », sur plusieurs actions simultanées, appuyées de projections vidéos. Tout cela crée une ambiance très « road movie » peut être un clin d’œil à Wim Wenders ?Die Walküre – [mercredi 9 Août]
Le rythme enlevé de cet opéra, soutenu par le cœur des voix des Walküre, nous transportent et nous confirment que nous sommes bien sur « la planète Bayreuth ».
Wotan, ici interprété par John Lundgren, de sa voix profonde et grave nous subjugua.
Un mot sur la mise en scène
Ce drame est transposé dans une époque « post révolutionnaire » dans un pays au régime totalitaire, où la productivité est la priorité, en l’occurrence, celle des ressources pétrolières.
Cette situation, historico-politique, sert de cadre à ce drame qui se joue sur le site d’exploitation d’un puits de pétrole. Là aussi, des projections vidéos tournées en instantanée sur d’autres parties de ce ’’plateau tournant’’, projetées en Net B, séquencées à d’autres films (historiques) de ‘’l’Agit Prop ‘’ de l’Aire Soviétique, laissent planer le souvenir de Sergueï Eisenstein.Siegfried – [vendredi 11 Août]
Mime (Andreas Conrad) et Siegfried (Stephan Vinke) s’affrontent dans un « duel vocal » dans lequel, Stephan Vinke exprime toute sa fougue dans une puissance vocale surprenante qui nous ont enjoués.
En réponse à Siegfried, Brünnhilde (Catherine Foster) , clôture le dernier acte magistralement.
Tous les interprètes de cet opéra nous ont captivé jusqu’au bout.
Un mot sur la mise en scène
Un imposant décor revisite et métamorphose le « Mount Rushmore National Memorial » à la gloire des grands timoniers et théoriciens des révolutions populaires du XXe siècle.
D’autres éléments de la mise en scène, comme l’apparition de crocodiles (symbolique de Sobek ?) peuvent prêter à confusion et nous ont semblé, de prime à bord, nous éloigner des intentions originelles de l’œuvre.Götterdämmerung – [Dimanche 13 Août]
Les trois Nornes : Stéphanie Houtzeel, Wiebke Lehmkuhl, Christiane Kohl, ouvrent le premier acte dans une polyphonie qui, de suite nous enchante et nous fait espérer le meilleur pour la suite.
La stature imposante et sombre de Hagen (Stephen Milling), appuyée de sa voix basse et profonde annoncent un drame imminent et nous transportent au plus profond de l’intrigue.
Siegfried (Stephan Vinke) remarquable d’insouciance nous fait vibrer à nouveau, sa puissance vocale emplit totalement le volume du Festspielhaus et immobilise à leur siège tous les appréciateurs.
Tous sont remarquables mais Brünnhilde (Catherine Foster) nous marque dans l’interprétation de son déchirant final.
Le rideau tombe, tonnerres d’applaudissement et trépidations du public.
Un mot sur la mise en scène
Quelque part, entre un quartier modeste « bloc » aux murs de briques lépreux et la resplendissante et lumineuse façade du « 11 Wall Street of New York », où l’argent est Roi et Loi, se joue le dénouement quelque peu abscons de la noyade de Hagen et l’immolation de Brunnhilde.Conclusion
Ces notes doivent être perçues comme « les impressions » d’une première expérience à Bayreuth des modestes admirateurs que nous sommes, de l’œuvre monumentale de Richard Wagner.
Elles n’ont aucunement la prétention d’apporter un jugement mais d’exprimer ‘’un ressenti ‘’ et doivent être reçues comme telles.
Envoûtés, nous reviendrons, fatalement, à Bayreuth, avec encore plus de plaisir et d’enthousiasme.Catherine Pécôme & Bernard Alain Lapierre
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